Une vague de liquidation secoue l’or malgré la baisse des rendements
Les turbulences sur les marchés financiers ont pesé lourdement sur l’or, qui a perdu plus de 1 % en fin de séance nord-américaine lundi. Alors que les rendements des obligations d’État américaines reculaient, le métal jaune n’a pas su tirer profit de ce contexte, miné par une vague de prises de bénéfices et par l’agitation provoquée par la montée en puissance de la société chinoise DeepSeek.
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L’intelligence artificielle chinoise affole les marchés
L’essor fulgurant de DeepSeek, une entreprise chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle, a provoqué un vent de panique chez les investisseurs. Son modèle de langage, moins coûteux que ceux des entreprises américaines, a ravivé les craintes d’une bulle technologique sur le secteur de l’IA. Certains traders ont alors préféré sécuriser leurs gains, contribuant à accentuer le repli de l’or, qui a terminé à 2 738 $ après un pic à 2 772 $ plus tôt dans la journée.
Bloomberg souligne l’ampleur du phénomène : depuis fin 2022, la frénésie autour des valeurs technologiques a gonflé la capitalisation du Nasdaq 100 de 15 000 milliards de dollars. La montée en puissance de DeepSeek remet en question la solidité de cette envolée.
La chute des rendements obligataires ne profite pas à l’or
En temps normal, une baisse des rendements obligataires tend à soutenir l’or, qui devient plus attractif face aux placements à revenu fixe. Pourtant, ce phénomène ne s’est pas matérialisé lundi, malgré une chute du taux à 10 ans américain de neuf points de base, à 4,528 %.
L’indice du dollar américain (DXY), qui mesure la performance du billet vert face à un panier de devises, a cédé 0,12 % à 107,33, sans pour autant raviver l’intérêt des investisseurs pour l’or. L’ensemble du marché semble figé dans l’attente des prochaines décisions de la Réserve fédérale.
Des indicateurs économiques préoccupants en Chine
Les tensions sur l’IA chinoise s’accompagnent d’un signal inquiétant pour l’économie mondiale : les indices PMI du secteur manufacturier et des services chinois sont passés en zone de contraction. Cette dégradation de la conjoncture chinoise alimente les craintes d’un ralentissement plus global, ajoutant de l’incertitude aux marchés des matières premières.
Outre la Chine, plusieurs statistiques américaines sont scrutées de près. L’indice d’activité nationale de la Fed de Chicago, publié lundi, est sorti du territoire négatif, suggérant une légère amélioration de l’économie américaine.
Une semaine clé pour les investisseurs
Les prochains jours seront marqués par plusieurs publications majeures aux États-Unis. Les marchés attendent les commandes de biens durables, la réunion de la Réserve fédérale, ainsi que les chiffres du PIB du quatrième trimestre 2024 et du marché de l’emploi. Le point culminant sera la publication de l’indice PCE, indicateur d’inflation privilégié par la Fed.
Les investisseurs intègrent déjà dans leurs prévisions une baisse des taux de 54 points de base d’ici fin 2025, avec une première réduction anticipée en juin. Ces éléments pourraient être déterminants pour l’évolution de l’or.
Analyse technique : l’or sous pression, mais pas en danger
L’or a échoué à se maintenir au-dessus de 2 750 $, ouvrant la voie à une correction vers 2 700 $. Si ce seuil cède, un retour vers la zone des 2 655-2 660 $ (correspondant aux moyennes mobiles à 50 et 100 jours) devient probable. En cas de faiblesse prolongée, 2 600 $ pourrait jouer un rôle de support clé.
À l’inverse, une reprise au-delà de 2 750 $ permettrait aux acheteurs de viser un retour vers 2 790 $, avec un potentiel d’extension vers 2 800 $, voire 2 900 $ en cas d’élan haussier soutenu.
Vers un retournement ou une consolidation ?
Le marché de l’or est actuellement pris entre des forces contradictoires : d’un côté, les craintes économiques et la perspective de baisses des taux d’intérêt aux États-Unis soutiennent le métal précieux. De l’autre, la volatilité des marchés actions et les incertitudes liées à la montée en puissance des technologies de rupture comme l’IA maintiennent la pression.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour confirmer si l’or parviendra à reprendre de la hauteur ou s’il s’installe durablement sous les 2 750 $.