Le cours de l’or s’effondre de 5,5 % : première chute majeure depuis 2020, faut-il s’inquiéter ?

En bref

• Le cours de l’or a perdu plus de 5,5 % en une séance, tombant de 4 375 € à 4 114 €.

• Il s’agit de la plus forte correction depuis août 2020, déclenchée par la remontée du dollar.

• Les investisseurs réduisent leur exposition avant la publication du CPI américain du 24 octobre.

• Les espoirs de détente commerciale entre Washington et Pékin réduisent la demande d’actifs refuge.

• Malgré ce recul, la tendance haussière de l’or reste intacte à moyen terme.

Un retrait brutal de plus de 200 € en 24 heures

Après avoir atteint un record absolu à 4 380 €, le cours de l’or a violemment reculé mardi, perdant plus de 5,5 % en séance pour retomber à 4 114 €. Il s’agit de la plus importante baisse journalière observée depuis août 2020. Ce mouvement intervient dans un contexte de prises de bénéfices massives, à l’approche d’une semaine sous haute tension pour les marchés.

Les cambistes anticipent la publication du Consumer Price Index (CPI) aux États-Unis le 24 octobre, indicateur clé de l’inflation. La nervosité grandit également à l’approche de la réunion de la Réserve fédérale américaine, prévue la semaine suivante. Les investisseurs ont ainsi préféré réduire leur exposition aux actifs sensibles aux politiques monétaires.

La remontée du dollar accentue la pression

La correction du marché aurifère est accentuée par un rebond du dollar américain. L’indice DXY, qui mesure la performance du billet vert face à un panier de six devises, a progressé de 0,36 % pour atteindre 98,94. Cette appréciation du dollar renchérit mécaniquement le coût de l’or pour les acheteurs étrangers, réduisant ainsi la demande internationale.

Malgré un discours relativement accommodant de Jerome Powell, les opérateurs semblent parier sur une dernière série d’assouplissements monétaires de la Fed d’ici fin 2025. Le président de la banque centrale a reconnu un affaiblissement du marché de l’emploi, mais l’incertitude demeure sur le calendrier précis des prochaines baisses de taux.

Les tensions commerciales en toile de fond

Le recul de l’or est également influencé par un climat géopolitique momentanément apaisé. Donald Trump a annoncé une rencontre prochaine avec Xi Jinping, visant à désamorcer les tensions commerciales sino-américaines. Cette annonce a freiné la demande d’actifs refuge, dont le métal jaune fait traditionnellement partie.

Les discussions entre Pékin et Washington doivent se poursuivre en Malaisie, avec pour objectif de parvenir à une trêve commerciale d’ici le 10 novembre. Parmi les exigences américaines figurent notamment l’arrêt des livraisons illégales de fentanyl et la reprise des achats de soja.

Des rendements obligataires orientés à la baisse

Sur le front obligataire, le taux à 10 ans des bons du Trésor américain a reculé de deux points de base, pour s'établir à 3,961 %. Les rendements réels, ajustés de l'inflation, chutent eux aussi autour de 1,70 %, ce qui en théorie soutient les cours de l’or. Ce paradoxe met en évidence la complexité actuelle du marché : les arbitrages se font autant sur l’attente des statistiques que sur la dynamique du dollar.

Le shutdown gouvernemental américain, désormais dans son 21e jour, alimente également l’incertitude. Bien que certains conseillers économiques de la Maison-Blanche aient évoqué une possible réouverture, aucune avancée concrète n’a été observée.

Analyse technique : tendance haussière préservée

Sur le plan technique, la tendance de fond reste haussière, malgré la violence du mouvement de correction. Le premier niveau de support se situe désormais à 4 100 €, suivi de l’ancien sommet historique autour de 4 059 €. En cas de rupture sous ce seuil, la moyenne mobile à 20 jours située à 4 000 € pourrait servir de dernier rempart.

À l’inverse, une remontée au-dessus de 4 200 € relancerait la dynamique en direction des seuils de 4 250 €, puis 4 300 €, avant de retenter un nouveau plus-haut.

Cours de l'or 22 octobre 2025

Le repli brutal du cours de l’or constitue un signal fort pour les marchés, mais ne remet pas en cause les fondamentaux haussiers du marché aurifère à long terme. Entre l’attente de l’inflation américaine, la posture encore floue de la Fed et la complexité des tensions internationales, les prochaines séances s’annoncent cruciales.