« Je suis inquiète pour le marché de l’emploi » : l’aveu inattendu de la Fed

En bref

• Lisa Cook (Fed) confirme une politique monétaire « modérément restrictive »
• L’inflation reste au-dessus de la cible des 2 %
• Le marché du travail ralentit, inquiétude sur l’emploi
• Les tarifs douaniers continuent d’alimenter les tensions sur les prix
• Un shutdown gouvernemental pèse sur la croissance
• L’intelligence artificielle pourrait soutenir l’expansion future

Lisa Cook mise sur une politique encore capable de contenir l’inflation

Intervenant à la Brookings Institution, Lisa Cook, membre du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, a livré une analyse sans détour de la situation économique actuelle. Alors que la Fed vient tout juste de marquer une pause dans son cycle de resserrement monétaire, la gouverneure estime que la politique actuelle reste « modestement restrictive », suffisamment pour continuer à exercer une pression désinflationniste, sans étrangler complètement la croissance.

Cette position reste toutefois fragile. Cook admet que les risques pèsent des deux côtés du double mandat de la Fed : stabilité des prix et plein emploi. Ce déséquilibre met en lumière une incertitude croissante quant aux futures décisions de taux.

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Une inflation tenace, alimentée par les tarifs douaniers

Malgré le ralentissement de certaines composantes de l’économie, l’inflation reste élevée, notamment à cause de la transmission toujours en cours des tarifs douaniers imposés ces dernières années. Cook insiste : tant que cette mécanique tarifaire ne sera pas totalement digérée par l’économie, le retour à une cible d’inflation à 2 % restera compromis.

Les pressions sur les prix restent donc présentes, bien que l’inflation sous-jacente semble progresser dans la bonne direction. La Fed s’appuie notamment sur les anticipations mesurées par la Fed de New York et d’autres sondages pour ajuster ses positions.

Un marché de l’emploi qui commence à se fragiliser

C’est sur ce point que Lisa Cook s’est montrée la plus préoccupée. « Je suis inquiète pour le marché de l’emploi », a-t-elle déclaré, soulignant que les données en temps réel montrent un net ralentissement des embauches, bien avant que les chiffres officiels ne le reflètent. Des licenciements annoncés pourraient ne pas se matérialiser, mais la gouverneure insiste sur l’importance de suivre de très près ces signaux faibles.

Le ralentissement des créations d’emplois serait lié à une modification structurelle de l’offre de travail, ce qui rend l’analyse encore plus complexe. Si ce phénomène venait à s’intensifier, la Fed pourrait être contrainte de réagir rapidement pour éviter une détérioration brutale du marché du travail.

Le spectre du shutdown plane sur la croissance

Le contexte budgétaire n’arrange rien. Selon Cook, le shutdown gouvernemental en cours ou à venir pèse sur l’activité économique. Même si elle anticipe un retour de la croissance, ce frein institutionnel alimente l’instabilité ambiante.

Autre sujet d’inquiétude : l’endettement fédéral. Cook formule l’espoir d’un changement de trajectoire à court terme, sans quoi les marges de manœuvre budgétaires pourraient se réduire dangereusement.

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Politique de bilan, intelligence artificielle et valorisations

La gouverneure a également exprimé son soutien à la décision de mettre fin à la réduction du bilan de la Fed, une manière indirecte de maintenir un niveau de soutien à l’économie sans passer par une baisse des taux. Elle évoque par ailleurs les gains de productivité liés à l’intelligence artificielle, qui pourraient selon elle alimenter une expansion économique durable.

Enfin, Cook reste prudente sur le niveau actuel des valorisations d’actifs, qu’elle juge élevé, au regard de primes de risque historiquement basses. Ce paradoxe complique l’analyse de l’orientation future de la politique monétaire, mais n’empêche pas la Fed de maintenir sa posture restrictive à ce stade.