L’investisseur Michael Burry, qui avait prédit la chute des subprimes, parie plus d’un milliard de dollars sur une chute de l’IA

En bref

• Michael Burry engage 1,1 milliard de dollars sur des put options ciblant Nvidia et Palantir.
• L’investisseur estime que la bulle autour de l’intelligence artificielle approche de son point de rupture.
• Les marchés technologiques montrent les premiers signes de repli après des mois d’euphorie.
• Les dirigeants du secteur jugent ce pari incompréhensible, mais plusieurs analystes partagent ses inquiétudes.

Une nouvelle prise de position spectaculaire de Michael Burry

La trajectoire de Michael Burry continue d’alimenter les discussions dans les salles de marché. Depuis sa prédiction victorieuse contre les subprimes en 2007, chaque mouvement du fondateur de Scion Asset Management bénéficie d’une attention méticuleuse. Son intuition précédente lui avait permis d’encaisser près de deux milliards de dollars ; sa dernière décision atteint un niveau comparable en termes de portée.

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Scion Asset Management a officialisé un ensemble de put options représentant environ 1,1 milliard de dollars, ciblant deux entreprises emblématiques de l’intelligence artificielle : Nvidia et Palantir. Le document réglementaire transmis aux autorités boursières américaines confirme l’ampleur de cette stratégie, aussitôt relayée par les médias économiques.

Pourquoi Nvidia et Palantir cristallisent le scepticisme

Nvidia s’est imposée comme le fournisseur incontournable de puces dédiées à l’IA, tandis que Palantir consolide sa position dans l’analyse de données complexes, un domaine central pour la défense américaine. Ces sociétés occupent la tête d’un secteur dont les revenus affichent une progression fulgurante, mais dont la rentabilité réelle reste fréquemment questionnée.

La perception de Michael Burry repose sur un scénario où l’engouement pour l’IA atteint un pic. Une moindre demande, associée à des valorisations déjà stratosphériques, pourrait selon lui déclencher une correction violente. Ce positionnement rappelle son analyse des années 2007-2008, lorsque la déconnexion entre fondamentaux et prix avait signalé l’imminence d’une crise.

Les montants mis en jeu renforcent l’effet de rupture

Nvidia a récemment franchi le seuil symbolique des 5 000 milliards de dollars de capitalisation, une première dans l’histoire des marchés. Palantir, de son côté, a annoncé une croissance annuelle de 63 %. Ces performances n’ont pourtant pas inversé l’analyse de Scion Asset Management, qui engage environ 187,6 millions de dollars contre Nvidia et 912 millions contre Palantir.

Lundi précédent, un message diffusé par Michael Burry sur son compte X a ajouté une couche de mystère. Le texte était accompagné de l’image de son personnage incarné par Christian Bale dans The Big Short. Le commentaire esquissait un sentiment d’exaspération :

« Parfois, on observe des bulles. Parfois, il est possible d’agir. Parfois, la seule stratégie gagnante est de ne pas jouer. »

Les graphiques publiés dans la foulée illustraient un net pessimisme face à la dynamique du secteur.

Les géants de l’IA tentent de rassurer les marchés

Face à cette prise de position, Alex Karp, dirigeant de Palantir, a exprimé son incompréhension. Le patron estime « étrange » de viser les entreprises qui affichent selon lui les plus fortes capacités de génération de revenus dans l’écosystème IA. Il a même qualifié de « complètement fous » ceux qui se placent à contre-courant de sa société.

Les marchés ont réagi avec nervosité. Le Nasdaq a décroché de 1,5 % dès l’ouverture mardi, tandis que le S&P 500 a cédé près de 1 % dans les premiers échanges. Une forme de lassitude semble s’installer parmi les investisseurs, malgré des contrats géants tels que l’accord de 38 milliards de dollars liant OpenAI à Amazon dans le cloud.

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La thèse d’une « fatigue de l’IA » gagne du terrain

Plusieurs analystes évoquent un changement d’humeur perceptible. John Plassard, de Cité Gestion Private Bank, estime qu’un début de saturation frappe les acteurs du secteur. Les annonces d’investissements massifs ne suffisent plus à convaincre comme auparavant, un signe souvent observé lors de phases avancées de cycles spéculatifs.

Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote, alerte de son côté sur la nature autoalimentée de nombreux partenariats. La frénésie d’achats de puissance de calcul, motivée par la peur d’être distancé, interroge certains observateurs. Cette dynamique circulaire complique l’évaluation des fondamentaux réels.

Pour Daniel Bustamante, de Bustamante Capital Management, l’ensemble forme un cocktail explosif :
« Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une crise majeure : il suffit d’une étincelle pour que la situation dégénère », explique-t-il.

La Deutsche Bank partage cette prudence dans une note adressée à ses clients, évoquant des interrogations croissantes quant à une possible correction boursière à grande échelle.