Les cryptomonnaies sont-elles vraiment adossées à des actifs fondamentaux ?

En bref

• Les neuf principales cryptomonnaies ont été comparées à l’euro, l’or et le S&P500.

• Bitcoin, Ethereum, Solana et Binance Coin ne suivent pas les tendances des actifs fondamentaux.

• En revanche, certaines cryptos comme Cardano ou Tron sont alignées avec les grands indices quand elles sont mesurées contre BTC ou ETH.

• L’analyse repose sur un test de martingale, concept de la théorie des prix d’actifs.

• Résultat : l’univers crypto fonctionne selon ses propres règles de valorisation internes.

Un marché de 3 250 milliards de dollars sous la loupe

L’écosystème crypto a dépassé les 3 250 milliards de dollars de capitalisation en juillet 2025, avec Bitcoin à lui seul représentant près des deux tiers du marché global. Mais cette expansion spectaculaire est-elle accompagnée d’une logique financière cohérente ? Une nouvelle étude empirique apporte des éléments de réponse en confrontant les cours des principales cryptomonnaies à ceux d’actifs fondamentaux comme les devises, l’or ou le S&P500.

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Un test inédit basé sur la théorie de la martingale

Les chercheurs ont testé si les rapports de prix entre cryptomonnaies et actifs de référence suivent une trajectoire conforme à un processus de martingale, c’est-à-dire sans biais prévisible ni déviation systématique. Si tel est le cas, les cryptos pourraient être considérées comme correctement valorisées par rapport aux actifs fondamentaux.

Le résultat est sans appel : la majorité des cryptomonnaies échouent ce test lorsqu’elles sont comparées aux devises majeures, à l’or ou au marché boursier.

Quand les cryptos s’écartent de l’économie réelle

L’analyse révèle que Bitcoin (BTC), Ethereum (ETH), Solana (SOL) et Binance Coin (BNB) affichent des écarts trop volatils pour pouvoir être considérés comme alignés avec les prix de l’euro, du yen, du dollar canadien, de l’or ou du S&P500. Leurs ratios de prix varient de manière trop erratique, avec des écarts-types souvent supérieurs à leur moyenne.

À l’inverse, des cryptos plus modestes comme Cardano (ADA) et Tron (TRX) présentent une stabilité relative, notamment lorsqu’elles sont analysées par rapport à Bitcoin ou Ethereum, suggérant un système d’évaluation autonome au sein de l’écosystème crypto.

Un écosystème qui fonctionne en vase clos

Lorsque les chercheurs utilisent BTC ou ETH comme référentiel (numéraire), la majorité des autres cryptomonnaies montrent des comportements cohérents. Seule Bitcoin conserve une volatilité si marquée qu’elle dévie même des autres cryptos. En clair, les petites capitalisations suivent les leaders du secteur, mais ces leaders ne suivent pas les actifs classiques de l’économie réelle.

Ce phénomène renforce l’idée d’un marché crypto structuré en réseau fermé, avec ses propres dynamiques, largement déconnectées des fondamentaux macroéconomiques.

Performances extrêmes : entre rendement et instabilité

Depuis 2014, Bitcoin affiche un rendement annualisé de 89 %, contre 12,4 % pour le S&P500 et 9,93 % pour l’or. Mais cette performance s’accompagne d’une volatilité quatre fois supérieure à celle des marchés actions. Ethereum surpasse encore Bitcoin avec 110 % de rendement annuel, mais aussi près de 89 % de volatilité.

Ces écarts confirment le statut hybride de ces actifs : performants mais instables, attirants mais imprévisibles.

Corrélations faibles avec les devises, modérées avec l’or et les actions

L’étude met aussi en évidence une faible corrélation entre les cryptos et les devises traditionnelles. En revanche, des corrélations modérées existent entre les cryptos et l’or ou le S&P500, particulièrement pour Bitcoin, Ethereum et Solana. Cela montre que les investisseurs crypto peuvent suivre des tendances similaires à celles des marchés actions, tout en évoluant dans un cadre propre.

Une déconnexion persistante

La conclusion générale des chercheurs est sans ambiguïté : les cryptomonnaies, dans leur ensemble, ne sont pas adossées aux fondamentaux classiques. Leurs valorisations ne reflètent ni l’état des devises, ni celui des matières premières ou des marchés boursiers.

Seules les interconnexions internes entre cryptos dessinent un schéma cohérent, suggérant un univers parallèle aux logiques traditionnelles de valorisation.

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Une avancée majeure dans la recherche financière

Il s’agit de la première étude empirique complète à tester rigoureusement l’alignement des cryptomonnaies avec des actifs fondamentaux à l’aide de la théorie des prix d’actifs. Cette méthodologie apporte une brique importante à la compréhension des marchés numériques, souvent considérés comme trop volatils ou spéculatifs pour être traités scientifiquement.

Source : mdpi.com