Macron face à l'après-Barnier : quelle stratégie après l’échec de son gouvernement ?

Le dilemme après Michel Barnier

Mercredi 4 décembre, la motion de censure a mis fin à l’expérience de Michel Barnier comme Premier ministre, plongeant le gouvernement dans une crise inédite. Après seulement trois mois à Matignon, celui qui devait incarner une stabilité politique n’a pas su convaincre. Face à un Parlement fragmenté, Emmanuel Macron se trouve contraint de choisir un nouveau chef de gouvernement, et les options s’annoncent toutes risquées.

Une Assemblée nationale divisée en blocs

L’actuelle configuration de l’Assemblée nationale complique la tâche. Trois grandes forces politiques s’y affrontent : l’alliance de gauche, l’extrême droite, et le bloc centriste soutenant Emmanuel Macron. Cette division rend improbable l’adoption d’une politique stable, surtout en l’absence d’une majorité absolue.

L’équation est d’autant plus complexe que des élections anticipées ne pourront être organisées avant sept mois. Cela pousse le président à chercher un profil capable de naviguer entre ces eaux politiques troubles.

Un retour de Michel Barnier, possible mais improbable

Constitutionnellement, Emmanuel Macron pourrait reconduire Michel Barnier à son poste. L’argument de l’urgence politique et économique pourrait jouer en sa faveur. Cependant, cette hypothèse semble peu réaliste : Barnier reste marqué par son incapacité à obtenir une majorité et par sa gestion controversée, notamment ses tentatives de rapprochement avec l’extrême droite.

Dans le même registre, des noms comme François Baroin et Bruno Retailleau circulent. Ces personnalités issues de la droite traditionnelle partagent des points communs avec Barnier, mais leur manque de légitimité électorale les expose également à une nouvelle motion de censure.

Miser sur un proche du président

Une autre option pour Emmanuel Macron serait de nommer une figure de confiance issue de son cercle proche. Le nom de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, revient avec insistance. Fidèle à la macronie depuis 2017, il pourrait incarner une continuité tout en permettant au président de reprendre un contrôle direct sur la stratégie gouvernementale.

Cependant, cette solution ne répondrait pas à l’attente d’une cohabitation implicite, largement évoquée après les revers électoraux du parti présidentiel. Le pari d’un Premier ministre trop lié au chef de l’État risque d’aggraver les tensions au sein de l’opinion publique.

François Bayrou, l’éternel prétendant

François Bayrou, leader du MoDem et allié historique d’Emmanuel Macron, figure parmi les options les plus crédibles. L’idée d’un poids lourd politique pourrait séduire une partie des socialistes tout en apaisant certaines tensions avec l’extrême droite. Néanmoins, ses opposants pointent son lien étroit avec la ligne politique déjà sanctionnée lors des précédentes élections.

Pour Bayrou, l’enjeu est également personnel : chaque remaniement fait de lui un candidat potentiel, mais son influence au sein de la majorité reste limitée.

Un geste vers la gauche, une solution compromise

Nommer une figure de la gauche, comme Lucie Castets ou Bernard Cazeneuve, serait une manière pour Emmanuel Macron de reconnaître le poids du Nouveau Front populaire dans l’équilibre politique actuel. Pourtant, les divergences idéologiques entre macronistes et gauche restent un obstacle majeur. Les désaccords sur la réforme des retraites ou la fiscalité rendent difficile un accord durable.

La démission, un scénario rejeté

Certains opposants, à gauche comme à droite, appellent à la démission d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s’accordent sur l’idée que la chute successive des gouvernements traduit une impasse politique. Pourtant, cette option semble hautement improbable. Le président lui-même qualifie ces appels de "politique fiction".

Un choix décisif sous haute pression

Emmanuel Macron doit trancher rapidement. Alors qu’il prévoit une allocution télévisée jeudi soir, sa décision est attendue avec impatience. Ce choix pourrait redéfinir les rapports de force à l’Assemblée nationale et donner un nouveau cap à un mandat marqué par les crises. La cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, prévue samedi, pourrait devenir le théâtre d’une annonce clé, marquant un tournant pour son quinquennat.