Or et bijoux : un trésor de 1400 ans découvert près du lac de Tibériade

En bref

• 97 pièces en or pur et plusieurs bijoux byzantins découverts en Israël
• Le trésor daterait du début du VIIe siècle, dans un contexte d'invasion perse
• Un tremissis rare frappé à Chypre sous Héraclius éclaire les luttes de succession impériale
• Il s’agit de l’un des cinq plus importants dépôts de monnaies d’or de cette époque retrouvés dans la région
• L’intérêt scientifique et muséal est déjà mondial

Une découverte archéologique hors norme sur les hauteurs du Golan

Les ruines de l’ancienne cité d’Hippos, perchées au-dessus du lac de Tibériade, viennent de livrer un trésor monétaire et joaillier d’une richesse exceptionnelle. Près de 1 400 ans après avoir été enfoui, un ensemble composé de 97 pièces d’or et de parures byzantines a été mis au jour, dans un état de conservation stupéfiant.

La découverte a eu lieu en juillet dernier lors de fouilles sur le site antique de Sussita, sous la supervision de l’Université de Haïfa. Elle est attribuée à Edie Lipsman, amatrice expérimentée de détection métallique, qui a repéré un signal fort près d’un muret effondré. Rapidement, les monnaies sont apparues à la surface, suivies de boucles d’oreilles serties de perles, de pierres semi-précieuses et de verre travaillé.

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Selon le professeur Michael Eisenberg, archéologue en charge du projet, ce dépôt figure parmi les cinq plus grands trésors de l’époque byzantine jamais retrouvés en Israël.

Une chronologie impériale gravée dans l’or

L’analyse numismatique menée sur le site révèle une séquence chronologique impériale allant de Justin Ier (r. 518-527) à Héraclius (r. 610-641), marquant un siècle de circulation de l’or byzantin. Le trésor contient des solidi, pièces de haute valeur en or, ainsi que des semisses (équivalent d’un demi-solidus) et des tremisses (un tiers de solidus).

Parmi elles, un tremissis rarissime a particulièrement retenu l’attention des chercheurs : frappé à Chypre en 610, il porte les effigies d’Héraclius l’Ancien et de son fils, dans une phase de rébellion contre l’empereur Phocas. Cette monnaie devient ainsi un témoignage tangible des conflits de succession au sein de l’empire byzantin, à la veille d’un basculement historique majeur.

Un contexte de guerre et d’exil

L’enfouissement de ce trésor n’a rien de fortuit. Le début du VIIe siècle coïncide avec l'invasion de la Palestine byzantine par les armées sassanides (614), provoquant des vagues de panique et de fuite parmi les populations chrétiennes. C’est dans ce climat d’incertitude que les habitants ont probablement caché leurs réserves d’or, espérant un retour qui n’eut jamais lieu.

Danny Syon, numismate associé à l’expédition, précise que cette découverte apporte des informations précieuses sur les pratiques économiques des élites urbaines chrétiennes face aux menaces extérieures. Le dépôt permet d’illustrer la réaction monétaire à une crise géopolitique : la dissimulation d’actifs liquides, symboles de stabilité impériale, dans l’espoir d’un futur apaisé.

Selon notre expert : Pourquoi les empires cachent leur or en période de crise ? Cette découverte historique éclaire aussi les stratégies actuelles des États.

Une portée scientifique et patrimoniale déjà mondiale

Les travaux de conservation et d’analyse sont encore en cours. Les archéologues s’attellent au déchiffrage des légendes monétaires, à la caractérisation des alliages et à l’étude stylistique des bijoux. L’hypothèse d’une future exposition muséale, en Israël ou à l’international, est déjà sur la table.

Par son ampleur, son état de conservation et le contexte politique qu’il éclaire, ce trésor byzantin redéfinit les connaissances sur la circulation de l’or en Méditerranée orientale au début du VIIe siècle. Il constitue une source majeure pour l’histoire économique de l’empire, à une époque charnière marquée par les conflits interdynastiques et l’effondrement temporaire des provinces orientales.