"8 ans de perdu" : le coup de gueule de François Lenglet sur l'impossible réforme des retraites sous Macron

En bref

• François Lenglet critique l’inefficacité de huit années de politique retraite sous Emmanuel Macron

• Quatre erreurs majeures : diagnostic initial erroné, isolement politique, usage du 49.3, mauvais calendrier

• L’exécutif a échoué à construire un compromis solide, malgré l’urgence démographique

• L’idée d’une réforme à points n’a jamais été comprise ni acceptée

• Le déficit des retraites continue de s’aggraver, sans solution structurelle

Une réforme jamais construite, un déficit toujours présent

L’échec de la réforme des retraites reste un marqueur du quinquennat d’Emmanuel Macron, selon François Lenglet. Huit ans après l’arrivée du président au pouvoir, le chantier demeure inachevé, voire abandonné, au détriment de la soutenabilité budgétaire du système.

Dès 2017, le futur chef de l’État s’appuie sur un postulat erroné : les retraites ne seraient pas en déficit. Une lecture en contradiction avec les dynamiques démographiques observées à l’échelle internationale. Là où d’autres nations reculent l’âge de départ, la France tergiverse. La proposition d’une retraite à points visait à introduire davantage de flexibilité, mais elle a vite été perçue comme un projet flou, sans garanties lisibles pour les futurs retraités.

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L’isolement du pouvoir face aux partenaires sociaux

L’approche choisie par le gouvernement, jugée technocratique, a ignoré des acteurs clés du dialogue social. Le mépris affiché à l’égard des syndicats, et notamment de la CFDT de Laurent Berger, a sapé toute possibilité de co-construction. Aucun terrain d’entente solide n’a été bâti. Le pouvoir exécutif a agi sans allié, dans un contexte social déjà tendu.

Cette incapacité à fédérer a renforcé l’opposition de l’opinion publique et nourri une défiance structurelle envers la réforme, accentuée par le flou entourant les montants réellement perçus à la retraite selon les différents scénarios.

L’usage du 49.3, point de rupture démocratique

En 2023, la décision de faire passer la réforme via l’article 49.3 a scellé son rejet. Ce mécanisme constitutionnel, utilisé pour éviter un vote en plein hémicycle, a marqué une cassure. Une réforme structurelle censée reposer sur un consensus national s’est transformée en décision unilatérale.

La légitimité politique de la réforme en a été durablement atteinte, et le texte a été perçu comme imposé, sans débat. Ce passage en force a fragilisé le pouvoir dans la durée, rendant tout retour au dialogue d’autant plus complexe.

Un calendrier contre-productif

Autre faiblesse stratégique : le timing. La réforme a été lancée après la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, mais dans un contexte très défavorable : pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, une campagne présidentielle sans projet clair, et un président affaibli dès le départ.

Les réformes les plus lourdes se font généralement au début d’un mandat, quand l’autorité politique est forte. Ici, le choix du calendrier s’est révélé contre-productif. En choisissant de retarder la réforme puis de la forcer sans soutien, l’exécutif a cumulé les handicaps.

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Une impasse politique lourde de conséquences

Pour François Lenglet, ce blocage est plus qu’un simple revers : il s’agit d’un symptôme du déni collectif. Aucun compromis politique durable ne semble émerger sur ce sujet central, pourtant vital pour l’avenir des finances publiques françaises. Le résultat, selon lui, c’est « huit années perdues » – avec, à la clé, moins de croissance, plus de déficit, et toujours aucune solution viable à long terme.