Les Français sont-ils plus endettés que la moyenne mondiale ? Verdict dans ce classement de 26 pays

En bref :

• La dette des ménages français atteint 45 044 € par actif, l’un des niveaux les plus élevés d’Europe.

• En comparaison internationale, le ratio dette/PIB dépasse les 60 %, un seuil préoccupant.

• D’autres pays comme la Suisse, l’Australie ou le Canada affichent des niveaux encore plus critiques.

• L’endettement est souvent lié au crédit immobilier, aux taux variables et à l’inflation persistante.

Un endettement qui s’envole sur tous les continents

L’endettement des ménages est devenu un indicateur central de fragilité économique dans un contexte mondial tendu. Selon les données de CEIC, de la Banque mondiale et des banques centrales, la moyenne d’endettement par personne active (15-64 ans) varie fortement selon les pays, révélant des disparités criantes entre économies développées et émergentes.

En France, chaque actif supporte en moyenne 45 044 € de dettes. Un chiffre élevé, d’autant plus que le ratio par rapport au PIB (61,4 %) reste supérieur à celui de nombreux voisins européens. Si la baisse récente des taux d’intérêt offre une légère respiration, la charge de la dette demeure lourde.

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Les pays aux ratios d’endettement les plus bas

Les Philippines (488 € par actif) et l’Indonésie (580 €) enregistrent des niveaux de dette extrêmement faibles, avec des ratios inférieurs à 10 % du PIB. Mais cette apparente solidité cache une réalité moins reluisante : exclusion bancaire massive, pauvreté généralisée et accès limité au crédit.

Au Mexique, la situation est similaire, bien que légèrement plus dynamique, avec une dette par actif de 2 704 € pour un ratio de 16,2 % du PIB. Dans ces régions, l’inclusion financière partielle freine l’accès au crédit mais protège aussi partiellement les ménages de la montée des taux.

Des économies intermédiaires face à des risques croissants

Le Brésil (7 121 €), la Russie (3 181 €) ou encore la Chine (9 565 €) montrent des profils hybrides. Leur endettement reste modéré en valeur absolue, mais la progression rapide de la dette, combinée à des taux d’intérêt élevés et à une faible épargne, fragilise leur stabilité.

En Chine, par exemple, la dette atteint 62,1 % du PIB, essentiellement portée par l’immobilier. La consommation ralentit, tandis que les emprunts non garantis se multiplient, amplifiant le risque systémique.

L’Europe du Sud sous pression

Au Portugal, la situation est tendue : 24 711 € de dette par actif pour un ratio de 72,5 % du PIB, avec près de 90 % des prêts hypothécaires indexés sur des taux variables. Le gouvernement tente de freiner l’hémorragie avec une réduction partielle de l’Euribor appliquée aux emprunts.

L’Italie reste sous contrôle relatif (25 450 € et 52,3 % du PIB), tandis que l’Espagne, après un pic à 90 % durant la crise de 2008, est redescendue à 54,6 %, grâce à une désensibilisation progressive à la hausse des taux.

La France dans la moyenne haute

La France ne fait pas exception à la montée de l’endettement, mais son ratio demeure préoccupant. Alors que d’autres pays ont réduit leur dette après la crise des subprimes, les Français ont continué à s’endetter. Le crédit immobilier reste la principale source de dette, souvent à taux fixe, mais sur des durées longues.

Les champions de la dette : Suisse, Australie, Norvège

Avec 162 856 € de dette par actif, la Suisse occupe la tête du classement. Ce chiffre, qui représente 126 % du PIB, est compensé par une richesse nette élevée. Toutefois, la hausse des loyers indexés sur les taux d’intérêt affecte directement les locataires, provoquant une montée de la précarité.

L’Australie (99 983 €) et le Canada (73 133 €) affichent des ratios proches ou supérieurs à 100 % du PIB. La hausse des taux rend leurs crédits plus coûteux, menaçant leur stabilité économique. Le Royaume-Uni (55 900 €), en dépit d’une baisse de son ratio, reste également dans une zone d’alerte.

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Le paradoxe des pays nordiques

En Norvège, l’endettement atteint 104 580 € par actif, soit 86,6 % du PIB. Le taux d’épargne très élevé atténue les effets négatifs, mais l’économie montre des signes de ralentissement. La Finlande (54 523 €) et le Danemark (81 265 €) subissent la pression des taux variables, exposant leurs ménages à une contraction de la consommation.

Les locataires européens s’en sortent mieux

L’Allemagne (37 384 €) et l’Autriche (34 141 €) bénéficient de marchés locatifs solides, avec un faible recours au crédit hypothécaire. Cela contribue à maintenir leur ratio dette/PIB sous les 55 %, limitant les risques liés aux cycles immobiliers.

Vers une cartographie mondiale de la fragilité financière

Cette analyse met en évidence une tendance universelle : les ménages s’endettent massivement pour faire face à l’érosion du pouvoir d’achat. Le niveau d’endettement ne suffit toutefois pas à lui seul à déterminer la vulnérabilité : taux d’épargne, structure des prêts, exposition aux taux variables et filet social sont autant de facteurs à considérer.

La France, bien qu’éloignée du sommet du classement, reste particulièrement exposée à un retournement économique. La prudence reste de mise dans une période où la stabilité monétaire est loin d’être garantie.