Paris : la Cour des comptes alerte sur une dette hors de contrôle sous l’ère Hidalgo

En bref

• Dette passée de 6,5 à 8,6 milliards d’euros entre 2020 et 2024

• Recettes en hausse de 11,6 %, mais dépenses +13 % sur la période

• Taxe foncière +52 % en 2023, sans effet sur le désendettement
  La Ville dépend désormais massivement de l’endettement pour financer ses investissements.

La Cour des comptes vient de publier un rapport cinglant sur la situation budgétaire de la Ville de Paris. En quatre ans seulement, la capitale a vu sa dette bondir de 6,5 à 8,6 milliards d’euros, une progression de près de 32 %. Un niveau jugé désormais au-delà des seuils de prudence définis en matière de finances publiques.

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Une gestion déséquilibrée malgré des recettes record

Entre 2020 et 2024, les recettes de la Ville ont progressé de 11,6 %, tirées notamment par une hausse historique de 52 % de la taxe foncière en 2023. Pourtant, cette dynamique n’a pas suffi à contenir la trajectoire de la dépense publique, qui a crû de 13 % sur la même période.

Les magistrats financiers soulignent que la capacité de la Ville à autofinancer ses investissements est quasi nulle. Les projets sont aujourd’hui soutenus presque exclusivement par un recours massif à l’emprunt, aggravant mécaniquement la charge de la dette à venir.

Une fiscalité locale parmi les plus élevées… pour quel résultat ?

Paris figure parmi les communes où la pression fiscale est la plus forte de France. Malgré cela, la situation budgétaire continue de se détériorer. Selon le rapport, l’augmentation des impôts n’a pas permis de stabiliser les finances ni de préserver la soutenabilité à long terme.

Autrement dit, la hausse des recettes ne compense plus l’accélération des dépenses. La capitale se trouve désormais dans une configuration typique de déséquilibre budgétaire structurel : la dynamique de la dépense publique excède celle des recettes, tandis que le levier fiscal a déjà été actionné au maximum.

Des choix politiques sous le feu des critiques

La mairie de Paris, dirigée par Anne Hidalgo, se retrouve directement visée. La Cour des comptes critique une absence de stratégie financière crédible, pointant une absence de maîtrise des dépenses courantes et un recours excessif à la dette pour soutenir l’investissement.

Certains projets d’envergure, notamment liés aux transports, à la voirie ou aux Jeux olympiques, ont été lancés sans garanties de financement solides, selon les rapporteurs. Le risque, à moyen terme, est que la Ville soit contrainte de réduire brutalement ses dépenses ou d’alourdir encore la fiscalité.

Une alerte sérieuse avant un point de non-retour

Les experts de la Cour des comptes ne mâchent pas leurs mots : Paris franchit désormais les “ratios prudentiels” définis par les standards de la gestion locale. Autrement dit, la capitale s’engage dans une zone financière à haut risque, comparable à celle d’un État en début de crise de la dette souveraine.

Cette situation pourrait peser à terme sur la notation financière de la Ville, renchérir le coût de l’emprunt et restreindre sa capacité à réagir en cas de choc externe ou de baisse conjoncturelle des recettes fiscales.

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Une trajectoire intenable sans changement de cap

Face à cette impasse, plusieurs voix appellent à revoir en profondeur la gouvernance financière de la Ville. Sans rééquilibrage rapide entre recettes et dépenses, Paris pourrait devenir un cas d’école de déséquilibre budgétaire urbain, avec des conséquences durables sur l’investissement public, les services aux citoyens et la compétitivité de la capitale.

Dans ce contexte, certains observateurs soulignent qu’un recentrage budgétaire ne pourra éviter des arbitrages douloureux sur les priorités municipales.