Pourquoi l’argent atteint des sommets jamais vus

En bref

• L’argent atteint 57,49 dollars l’once à Londres, un niveau record

• Sa performance dépasse largement celle de l’or et des marchés boursiers

• Hausse de +16 % sur le mois de novembre, dopée par les tensions sur l’offre

• Forte demande industrielle liée aux technologies vertes et à l’IA

• L’offre peine à suivre, accentuant le déséquilibre structurel du marché

Une performance éclatante en novembre

Parmi l’ensemble des classes d’actifs surveillées par Deutsche Bank, aucun n’a rivalisé avec l’argent au mois de novembre. Ce métal, souvent perçu comme une version plus accessible de l’or, s’est envolé de 16 % sur la période. À titre de comparaison, l’indice brésilien Bovespa a progressé de 6,4 %, tandis que l’or s’est apprécié de 5,9 %. Le S&P 500, baromètre des actions américaines, n’a enregistré qu’un gain marginal de 0,2 %.

Ce contraste saisissant témoigne d’un engouement renouvelé pour l’argent, tant sur le plan spéculatif qu’industriel. Le métal blanc ne cesse d’attirer l’attention des investisseurs, qui cherchent des actifs tangibles dans un contexte de déséquilibres structurels persistants.

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Un sommet inédit à 57,49 dollars l’once

Après un bond de 6 % le vendredi précédent, l’argent a poursuivi son ascension le lundi 1er décembre pour atteindre un record historique à 57,49 dollars l’once sur le marché de Londres. Depuis le 1er janvier, le métal a quasiment doublé de prix, une trajectoire impressionnante qui surpasse même celle de l’or, pourtant lui aussi en forte progression (+60 % depuis le début de l’année, à plus de 4.000 dollars l’once).

Ce rally haussier s’explique en grande partie par un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande. Les stocks disponibles s’amenuisent alors que les usages industriels de l’argent explosent.

Tensions croissantes sur l’offre

La pénurie d’argent s’intensifie. L’extraction minière ne parvient pas à suivre le rythme d’une demande portée par la transition énergétique et les nouvelles technologies. L’argent est devenu un composant stratégique dans de nombreuses chaînes industrielles, notamment dans les panneaux solaires, les batteries de nouvelle génération, les équipements d’électrification, ou encore certains composants critiques liés à l’intelligence artificielle.

Cette pression à l’achat, combinée à un marché relativement étroit, crée les conditions d’une forte volatilité haussière, que les investisseurs n’ignorent pas. Les fonds spéculatifs comme les particuliers réaffectent ainsi une part croissante de leurs portefeuilles sur cet actif considéré comme un relais de croissance dans un contexte incertain.

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Or, argent, débancarisation : les investisseurs multiplient les stratégies de protection

L’envolée de l’argent intervient dans un climat de défiance croissante envers les systèmes financiers traditionnels. Pour de nombreux épargnants et investisseurs avertis, les lingots d’or, les pièces d’investissement ou l’argent physique offrent une réserve de valeur tangible, décorrélée des politiques monétaires instables et des risques bancaires.

Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large de débancarisation partielle de l’épargne. Les placements tangibles, en dehors du système bancaire, constituent une réponse directe aux incertitudes géopolitiques, à l’inflation latente et aux mouvements erratiques des marchés financiers. Une part croissante des patrimoines familiaux s’oriente désormais vers ces supports stables et historiques, aux performances parfois spectaculaires… comme le montre la flambée actuelle de l’argent.