Découverte d'un trésor contenant plus de 1 500 pièces d'argent du XIVe siècle

En bref

• Lieu de la découverte : Glottertal, près de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne)

• Contenu : plus de 1 500 pièces d’argent du XIVe siècle

• Origine des monnaies : ateliers de Fribourg, Zofingen, Bâle et Breisach

• Type de pièces : bractées fines, unifaces, issues de plusieurs zones du Rhin supérieur

• Importance historique : trace les flux économiques avant la peste noire

• Exposition actuelle : Musée archéologique de Colombischlössle à Fribourg

Une trouvaille exceptionnelle dans le sol de Glottertal

Lors de travaux de voirie dans le petit village de Glottertal, en Allemagne, plus de 1 500 pièces d’argent ont été exhumées par hasard. La découverte a eu lieu à proximité d’une piscine, sur une tranchée destinée à accueillir une canalisation. C’est un habitant attentif qui a repéré les premières pièces scintillantes parmi les déblais.

Ce n’est qu’après l'intervention des services du patrimoine que l’ampleur de la trouvaille a été révélée. L'équipe d’archéologues a procédé à un tamisage rigoureux des déblais, permettant d’extraire des centaines de monnaies supplémentaires. Ces artefacts sont aujourd’hui au cœur d’un important travail de conservation et d’analyse historique.

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Un trésor révélateur des dynamiques monétaires du XIVe siècle

Les pièces, datées autour de 1320, proviennent majoritairement des ateliers de Fribourg, Zofingen, Breisach et Bâle. Elles se caractérisent par leur finesse et leur fabrication uniface : l’avers est en relief, le revers simplement en creux, formant une image en miroir.

Ce type de monnaie, appelé bractée, était largement utilisé dans les villes d’Europe centrale pour les échanges courants. Légères, rapides à frapper, ces pièces répondaient à la demande croissante de petite monnaie dans des cités en plein essor démographique et commercial.

La présence de monnaies issues de différentes juridictions suggère un réseau d’échange actif, où les pièces franchissaient librement les frontières entre villes, principautés et évêchés. Une telle diversité confirme l’intensité des flux économiques dans la région du Haut-Rhin avant l’épidémie de peste noire.

Une capsule temporelle monétaire préservée dans le sol

Selon l’archéologue Andreas Haasis-Berner, qui a supervisé la récupération, la nature composite du trésor illustre un système économique complexe où l’argent circulait bien au-delà des centres d’émission.

Chaque pièce a été nettoyée avec soin afin d’en préserver les gravures, puis enregistrée selon des critères précis : lieu de frappe, diamètre, poids, lisibilité des motifs. Certaines présentent des ondulations liées à la méthode artisanale de frappe sur un support souple comme le cuir.

L’analyse minutieuse de ces caractéristiques permet d'affiner la chronologie des émissions monétaires locales. Les motifs croix, symboles religieux ou blasons urbains témoignent du pouvoir de frappe exercé par les seigneuries locales ou les institutions religieuses.

Une politique monétaire médiévale active et documentée

Ce trésor éclaire également une pratique monétaire typique du Moyen Âge : la renovatio monetae, ou refrappe monétaire. Les autorités rappelaient régulièrement les anciennes pièces pour les remplacer par de nouvelles, en prélevant au passage un droit d’échange une forme de taxe déguisée.

Ce mécanisme incitait à l’usage de la monnaie la plus récente, tout en assurant un revenu au souverain. L’enfouissement du trésor à Glottertal pourrait correspondre à un moment de transition monétaire, un épisode de crise ou une volonté de protection.

Une valeur monétaire révélatrice

Selon les spécialistes, la valeur du trésor au moment de son enfouissement équivalait à l’achat d’environ 150 moutons une somme conséquente pour l’époque, suggérant un propriétaire relativement aisé. Ce geste de dissimulation trahit peut-être une période d’instabilité ou un départ précipité.

Il demeure impossible de savoir si l’individu est décédé, a migré ou a simplement oublié la cachette. Ce que les chercheurs peuvent affirmer, en revanche, c’est que ce dépôt involontaire nous livre un rare instantané de l’économie médiévale du Rhin supérieur.

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Mise en valeur muséale et intérêt pédagogique

Le musée archéologique de Colombischlössle à Fribourg expose désormais ces pièces dans une présentation thématique. Le parcours explique la fabrication des bractées, leur rôle dans l’économie urbaine et les techniques de conservation mises en œuvre pour éviter leur déformation.

Les visiteurs peuvent observer comment chaque pièce est attribuée à un atelier, une période et une autorité monétaire, et comprendre ce que ces monnaies révèlent sur la vie quotidienne, les échanges, ou encore le lien entre pouvoir et économie.

Un témoignage rare sur la circulation de l’argent au Moyen Âge

Cette découverte va bien au-delà de l’intérêt archéologique. Elle offre un miroir saisissant des tensions et dynamiques qui animaient l’économie médiévale. Les flux monétaires, les alliances territoriales, la politique fiscale ou encore l'accès aux métaux trouvent ici une traduction tangible.

À l’heure où les investisseurs scrutent le cours de l’or et la stabilité des devises modernes, ce trésor d’un autre âge rappelle que la confiance dans la monnaie, qu’elle soit frappée ou imprimée, reste au cœur des sociétés humaines.