« On donne les clés de la cave à des ivrognes. » Mounir Laggoune, de Finary, tacle les 577 députés et leur conseille de montrer l’exemple

En bref

• Mounir Lagoun milite pour l’enseignement de la finance personnelle dès le collège

• Il déplore l’absence de culture économique dans les foyers et au Parlement

• Investir tôt, automatiser l’épargne et détenir du capital : ses 3 conseils clés

• Il critique la légitimité des députés à légiférer sur l’investissement sans y participer eux-mêmes

• L’or reste selon lui un actif secondaire de diversification, non central

Une lacune scolaire qui coûte cher aux Français

Pour Mounir Lagoun, entrepreneur et créateur de contenu financier très suivi sur YouTube et Instagram, l’absence d’éducation financière à l’école constitue un angle mort dramatique. Selon lui, trois heures de cours au collège suffiraient à transmettre les bases de la gestion de budget, de l’épargne et de l’investissement. Mais aujourd’hui, la plupart des jeunes quittent le système scolaire sans aucune connaissance de ces mécanismes, dépendant d’un environnement familial souvent lui-même mal informé.

Il confie recevoir chaque jour des dizaines de messages de personnes qui n’avaient jamais entendu parler d’investissement avant de tomber sur ses vidéos. Ce constat, s’il le réjouit dans une certaine mesure, l’inquiète davantage : apprendre à placer son argent sur YouTube n’est pas un gage de stabilité à long terme.

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Trois réflexes essentiels pour faire fructifier son argent

Interrogé sur les meilleurs conseils pour construire un patrimoine, Mounir Lagoun en partage trois, accessibles même avec un revenu modeste :

1. Commencer à investir dès la sortie des études, même avec des montants faibles, afin d’acquérir un réflexe d’épargne dès les premiers salaires.

2. Automatiser les versements vers un support dédié (assurance-vie, PEA, épargne salariale…), afin d’éliminer le risque de procrastination.

3. Détenir une part du capital via des actions ou fonds, y compris ceux des entreprises dans lesquelles on travaille, pour profiter du rendement collectif à long terme.

Il insiste sur un fait souvent ignoré :

"19 millions de Français détiennent une assurance-vie et 7 millions un PEA. Ces épargnants sont bel et bien des actionnaires, qu’on ne peut caricaturer comme de simples “parasites”, selon le terme utilisé par un député récemment. L’exemple de Total, où 43 000 salariés actionnaires ont touché 350 millions d’euros de dividendes l’année passée" illustre selon lui la pertinence de ce modèle de participation.

Investir à 42 ans ? “Le meilleur moment, c’était hier. Le deuxième, c’est maintenant.”

À la question récurrente de savoir s’il est trop tard pour investir après 40 ans, la réponse de Lagoun est sans détour : il n’est jamais trop tard. Il précise toutefois que la stratégie doit être adaptée à la situation personnelle, notamment familiale. Le plus important reste de commencer, quel que soit l’âge, en tenant compte de ses contraintes et objectifs.

Faut-il miser sur l’or en période d’instabilité ?

Lorsque Mounir Lagoun est interrogé sur l’intérêt d’investir dans l’or physique, sa réponse appelle à la nuance. Il reconnaît que l’or ne doit pas constituer l’intégralité d’un portefeuille, mais sa place comme actif de diversification est aujourd’hui incontournable, en particulier dans un contexte d’instabilité monétaire, de surendettement des États et d’inflation persistante.

Contrairement à une idée reçue tenace, les performances de l’or à long terme sont remarquables :

• +36,03 % sur un an

• +116,52 % sur 5 ans

• +240,66 % sur 10 ans

Ces chiffres traduisent une confiance durable dans cet actif tangible, hors système bancaire, que ce soit de la part des investisseurs individuels, des banques centrales ou des fonds institutionnels.

L’or ne se limite donc plus à une simple “valeur refuge”. Il constitue désormais un pilier stratégique dans un plan d’investissement diversifié, au même titre que les actions, l’immobilier ou les supports en assurance-vie. En période de tensions économiques ou de politique monétaire accommodante, il joue un rôle stabilisateur et préserve le pouvoir d’achat à long terme.

Selon notre expert : Après la chute surprise de 5,5 % en octobre, les épargnants se ruent à nouveau sur les lingots d’or.

Des députés mal placés pour donner des leçons de gestion

La critique la plus virulente de Mounir Lagoun s’adresse à la classe politique. Il juge incohérent que des députés, qui ne détiennent aucun actif financier, puissent légiférer sur l’épargne, la fiscalité ou les investissements. L’image qu’il utilise est brutale :

“on donne les clés de la cave à des ivrognes”.

Selon lui, le déficit chronique de l’État, notamment les 150 milliards d’euros votés dans chaque loi de finances, prouve l’incapacité du système à appliquer les mêmes règles de gestion que celles imposées aux ménages. Ce décalage alimente la défiance, en particulier lorsque les responsables publics prônent l’austérité sans donner l’exemple.

Vers une réforme structurelle de l’éducation économique ?

La députée présente en plateau, bien qu’en désaccord sur certains points, reconnaît l’urgence de mieux former les citoyens aux questions budgétaires et fiscales. Elle rappelle que les électeurs eux-mêmes demandent davantage de rigueur de la part de l’État, à l’image de la gestion “en bon père de famille” qu’ils appliquent à leurs finances personnelles.

L’idée d’instaurer une formation financière dès le collège semble faire son chemin. Elle répond à une nécessité croissante dans un monde où l’autonomie économique devient essentielle pour se protéger des crises, préparer sa retraite, ou faire face à l’inflation.