Pourquoi l'Allemagne laisse plus de 1 200 tonnes d’or aux États-Unis et refuse de les rapatrier

Un métal précieux qui affole les marchés

Le cours de l’or connaît une ascension spectaculaire. Au début du mois d’avril, le prix d’une once d’or a franchi les 3 150 euros, propulsant le lingot de 1 kg au-dessus de la barre des 90 000 euros. Une envolée qui relance les débats autour de la valeur refuge que représente l’or, particulièrement en période d’instabilité politique et monétaire.

Parmi les grandes puissances détentrices de métal jaune, l’Allemagne occupe une place stratégique. Pourtant, une part non négligeable de ses réserves nationales se trouve toujours stockée à l’étranger, principalement aux États-Unis, dans les sous-sols de la Réserve fédérale de New York.

Une stratégie héritée de la guerre froide

Cette présence de l’or allemand à Manhattan remonte à une décision géopolitique prise dans les années d’après-guerre. Dans un contexte marqué par la pression soviétique, l’Allemagne de l’Ouest opte pour un stockage externe de ses lingots. Paris, Londres et New York apparaissent alors comme des places fortes fiables pour abriter ses richesses.

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L’objectif de cette répartition était clair : éviter tout risque de saisie ou de déstabilisation. L’Italie a adopté une stratégie similaire, en déposant une part de son or sur le sol américain. Cette logique de diversification géographique continue encore aujourd’hui, bien que les raisons stratégiques aient évolué.

Une réticence qui ne faiblit pas

Aujourd’hui, plus de 1 200 tonnes d’or allemand dorment toujours dans les coffres de la Réserve fédérale de New York. À cela s’ajoute un stock de 12 % conservé à Londres, tandis que l’ensemble des lingots présents à Paris ont déjà été rapatriés. L’Italie, quant à elle, maintient environ 43 % de ses réserves aux États-Unis.

Ramener ces tonnes d’or sur le sol européen représente un coût logistique considérable, estimé à plusieurs millions d’euros. Un obstacle non négligeable qui freine les transferts.

Une méfiance politique envers Washington

La question du rapatriement ressurgit aujourd’hui sous un angle bien différent. Des voix s’élèvent au sein de la CDU allemande, inquiètes de la fiabilité du partenaire américain. Les mesures protectionnistes instaurées sous la présidence de Donald Trump, notamment les droits de douane, ont nourri cette inquiétude politique.

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À plusieurs reprises, des responsables allemands ont demandé à inspecter physiquement les stocks détenus à New York. Les États-Unis ont systématiquement refusé ces visites, un comportement qui ne fait qu’accentuer le climat de défiance.

Un symbole de souveraineté monétaire

Avec 3 352 tonnes, l’Allemagne dispose de la deuxième plus grande réserve d’or au monde, juste derrière les États-Unis et devant l’Italie et la France. Ce patrimoine ne représente pas seulement une garantie financière, mais incarne aussi une souveraineté monétaire que certains estiment fragilisée par sa localisation.

La Banque de France, par contraste, conserve l’intégralité de ses lingots dans une salle hautement sécurisée, située à 27 mètres sous terre. Une politique de rétention totale qui fait figure de modèle pour ceux qui plaident en faveur d’un retour de l’or en sol allemand.

Un débat complexe s’installe donc au cœur des relations transatlantiques. Entre précaution stratégique et souveraineté nationale, l’or allemand symbolise bien plus qu’une valeur refuge : il reflète une confiance géopolitique en constante redéfinition.