Un trésor de 404 pièces d'or et d'argent antiques découvert dans un champ aux Pays-Bas

En bref

• 404 pièces antiques découvertes à Bunnik, aux Pays-Bas, en octobre 2023

• Mélange inédit de monnaies romaines et celtiques, datées de l’époque de Claude

• Trésor probablement lié aux campagnes militaires entre la Bretagne et le continent

• Les pièces, exceptionnellement bien conservées, sont exposées à Leyde

• Preuve matérielle rare du retour des soldats après l’invasion de la Grande-Bretagne

Une découverte exceptionnelle au cœur des anciennes routes militaires romaines

Une cache de 404 pièces antiques composée d’aureus romains, de deniers en argent et de statères britanniques a été mise au jour en octobre 2023 près de Bunnik, dans la province d’Utrecht, aux Pays-Bas. Ce lot monétaire, enfoui depuis près de deux millénaires, révèle des éléments concrets sur les mouvements militaires de l’époque de l’empereur Claude, notamment lors de l’invasion de la Grande-Bretagne par Rome.

Selon notre expert : Les BRICS ne sont pas les seuls à stocker de l’or : ce trésor oublié depuis 2 000 ans relance toutes les certitudes.

Un mélange monétaire inédit entre Rome et la Bretagne

L’analyse du trésor met en lumière une combinaison rarissime de monnaies celtiques, dont plusieurs statères à l’effigie latinisée du roi Cunobelinus, et de pièces romaines, parmi lesquelles figurent des aurei et des deniers, couvrant une période allant de la République romaine aux premières émissions de Claude.

Cette cohabitation numismatique n’avait jamais été documentée sur le continent européen. Elle renforce l’hypothèse d’une connexion directe entre la Bretagne et la Gaule du Nord pendant la phase initiale de l’expansion romaine outre-Manche, vers l’an 43 de notre ère.

Une preuve tangible du retour des légions

Le site de Bunnik est situé à proximité du limes germano-inférieur, une ligne de fortifications qui longeait le Rhin et servait de corridor logistique pour les armées romaines. Les chercheurs, menés par l’archéologue Anton Cruysheer (Utrecht Landscape and Heritage Foundation), estiment que ce lot représente un paiement militaire ou un butin de campagne rapporté depuis l’île britannique.

Certains aurei présentent une gravure identique, indiquant une frappe simultanée. Leur état impeccable suggère un enfouissement peu de temps après leur distribution. L’ensemble s’apparente à une solde de campagne combinée à une gratification ponctuelle (donativum), versée aux soldats victorieux.

Origine et fonctions probables du dépôt

Les pièces ont été découvertes dans un champ cultivé, à faible profondeur, à proximité d’un ancien canal. Le secteur, inhabité à l’époque romaine en raison de sa saturation en eau, pouvait servir à dissimuler rapidement un pactole ou accueillir un dépôt à vocation rituelle. Dans les deux cas, le geste traduit une valeur symbolique ou stratégique forte attachée à ces pièces.

Certains spécialistes suggèrent que l’auteur de la cache peut-être un officier ou un légionnaire n’est jamais revenu récupérer ses économies.

Une circulation monétaire révélatrice des logiques impériales

Le contenu du dépôt témoigne d’une circulation rapide de l’argent au sein des unités militaires romaines. La faible usure des monnaies, leur diversité d’origine et leur concentration dans un périmètre restreint offrent une photographie fidèle des flux économiques liés aux campagnes militaires.

La présence d’une pièce frappée en Numidie (Juba Ier) ajoute un élément exogène surprenant, preuve que l’argent militaire pouvait transiter sur de longues distances, bien au-delà des seules frontières européennes.

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Intégration dans les collections et perspectives de recherche

Le trésor a été confié aux autorités archéologiques d’Utrecht, puis intégré à la base numismatique internationale CHRE hébergée à Oxford. La majorité des pièces est désormais visible au Musée national des antiquités de Leyde, dans une exposition permanente consacrée aux routes militaires romaines le long du Rhin.

Le projet de recherche associé à la découverte, intitulé The Bunnik Hoard 2023, devrait livrer de nouvelles données sur les circuits économiques et militaires romains à travers la zone rhéno-britannique.

Une trace silencieuse de la guerre et du retour

À travers cet amas d’or et d’argent figé dans la terre, les historiens disposent d’un témoignage direct sur les modalités concrètes du financement de la guerre à l’époque impériale. Loin d’un simple butin, le lot de Bunnik révèle les itinéraires croisés des hommes et de la monnaie, entre conquêtes, solde, remerciements impériaux et espoirs de retour.