Le gouvernement va-t-il piocher dans votre épargne en 2026 ?

En bref

• Objectif budgétaire : 44 milliards € d’économies pour 2026

• Épargne nationale : plus de 2 000 milliards € en assurance vie et 444 milliards € sur le Livret A

• Taux d’épargne des ménages français : 18,9 %, un record depuis les années 1980

• Le gouvernement envisage des dispositifs de financement via l’épargne pour la défense, la santé ou le modèle social

Une épargne abondante face à un déficit abyssal

Le déséquilibre est frappant. Alors que l’État cherche à économiser 44 milliards d’euros pour son budget 2026, les Français continuent d’accumuler des montants colossaux sur leurs produits d’épargne. À la fin du printemps 2025, les dépôts sur le Livret A atteignaient 444 milliards €, et grimpaient à 609,4 milliards € en incluant le LDDS. Quant à l’assurance vie, elle dépasse désormais les 2 000 milliards €, un niveau inédit depuis plusieurs décennies.

Cette dynamique résulte d’un réflexe de précaution bien ancré. Dans un climat d’incertitude persistante, le taux d’épargne des ménages atteint 18,9 % selon l’Insee, contre 18,6 % le trimestre précédent. Une proportion élevée qui traduit les inquiétudes persistantes face aux aléas économiques, géopolitiques et politiques.

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Une progression constante des versements

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. D’après France Assureurs, les cotisations en assurance vie ont atteint 17,9 milliards € en juillet 2025, soit une hausse de +10 % par rapport à juillet 2024. La collecte nette a même doublé, atteignant +4,1 milliards €, portée notamment par les plans épargne retraite (PER) qui affichent aussi une croissance de +10 % sur le mois.

Autrement dit, l’argent continue d’affluer massivement dans les circuits d’épargne longue, même si les rendements réels restent souvent modestes.

La France parmi les champions européens de l’épargne

La Fédération bancaire française (FBF) confirme cette tendance de fond. Le taux d’épargne français, en nette hausse depuis le creux post-Covid, reste l’un des plus élevés d’Europe. Il surpasse même, pour la première fois depuis 2000, celui des ménages allemands en matière d’épargne financière.

À titre de comparaison :

• France : 18,9 % (épargne totale), 9,8 % (épargne financière)

• Allemagne : 19,4 % (épargne totale), 9,7 % (épargne financière)

• Espagne : 12,8 %

• Italie : 12,0 %

Ce niveau d’épargne porte le patrimoine financier des ménages français à plus de 6 300 milliards €, soit le double de la dette publique française.

Le spectre d’une ponction étatique

Cette accumulation record attise désormais les convoitises. Dans un contexte budgétaire tendu, plusieurs pistes sont envisagées par le gouvernement :

• Création de livrets fléchés pour financer l’hôpital ou la défense

• Lancement d’un grand emprunt national

• Redirection partielle des encours du Livret A ou de l’assurance vie

Bien que présentées comme volontaires, ces options suscitent de vives critiques. Beaucoup craignent une double peine pour les citoyens, à la fois contributeurs par l’impôt et sollicités pour investir leur épargne dans des dispositifs imposés ou fléchés.

Une défiance durable face à l’incertitude

Le Cercle de l’Épargne note que le regain d’instabilité politique, amorcé avec l’annonce du Premier ministre François Bayrou le 25 août, pourrait accentuer encore cette prudence. Si les Français se montrent aujourd’hui résilients, la confiance à long terme reste fragile.

Même lorsque 70 % de la population considère la défense comme prioritaire, moins de la moitié accepterait d’y allouer une part de son épargne. Cette distance entre adhésion de principe et engagement financier réel témoigne d’un climat de méfiance.

La débancarisation en progression lente mais constante

Face à cette incertitude budgétaire et à la crainte d’un usage forcé de leur épargne, de plus en plus de particuliers se tournent vers la débancarisation partielle de leur patrimoine. L’idée : réduire leur exposition aux risques politiques, fiscaux ou réglementaires liés aux placements traditionnels. Une partie de la population choisit de diversifier en se détournant des produits bancaires classiques, au profit de solutions physiques et liquides.

Parmi ces alternatives, l’investissement dans l’or ou l’argent prend de l’ampleur, perçu comme une forme de protection contre l’érosion monétaire ou l’instabilité des marchés. La tendance reste marginale à l’échelle nationale, mais elle s’inscrit dans une logique de sécurisation patrimoniale hors système bancaire. Un signal supplémentaire de la défiance qui s’installe durablement.

Selon notre expert : Tensions budgétaires, incertitudes politiques… Le contexte économique mondial pourrait-il précipiter un choc historique sur le patrimoine des Français ?

Un débat qui reste ouvert

Rien n’est tranché. Le gouvernement se heurte à un triple défi :

• Ne pas fragiliser davantage la confiance des épargnants

• Trouver des sources de financement pérennes

• Maintenir une transparence totale sur l’usage des fonds

L’épargne des Français, pilier de leur sécurité financière, reste un levier potentiel... mais aussi une ligne rouge politique. Toute tentative de mobilisation massive pourrait se heurter à une opposition farouche, nourrie par la mémoire encore vive des précédents historiques en matière de gestion budgétaire.