Les géologues découvrent le plus grand gisement de cuivre, d'or et d'argent des trois dernières décennies

En bref

• Une réserve estimée à 12 millions de tonnes de cuivre et 80 millions d’onces d’or et d’argent a été localisée dans la province de San Juan.

• Le projet est piloté par BHP et Lundin Mining via leur joint-venture Vicuña.

• L’Argentine pourrait devenir un acteur majeur de l’extraction cuprifère mondiale d’ici 2035.

• L’enjeu dépasse l’économie : emploi local, infrastructures, pression écologique et diplomatie régionale sont en jeu.

L'Argentine entre dans une nouvelle ère. Une gigantesque réserve de cuivre, or et argent vient d’être identifiée dans les hautes terres andines de la province de San Juan, marquant la plus grande découverte métallifère enregistrée depuis plus de trois décennies.

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Une réserve stratégique au potentiel exceptionnel

Selon les premières données dévoilées par le consortium Vicuña, qui regroupe BHP et Lundin Mining, le site renfermerait plus de 12 millions de tonnes de cuivre, accompagnées de plus de 80 millions d’onces d’or et d’argent. Cette estimation positionne instantanément l’Argentine parmi les futures puissances minières du continent sud-américain.

Le PDG de Lundin Mining, Jack Lundin, voit dans cette percée une opportunité unique de renforcer la place du pays dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des métaux industriels et monétaires.

Les retombées économiques sont déjà scrutées par les analystes. À court terme, cette découverte pourrait générer des milliers d’emplois directs et indirects, tout en stimulant les secteurs des transports, des infrastructures et de la logistique.

Dans une région historiquement isolée, les autorités locales espèrent que les revenus de cette exploitation permettront de financer écoles, hôpitaux et routes, comblant ainsi un retard structurel persistant.

Un tournant pour San Juan, future plaque tournante cuprifère

La province de San Juan, jusqu’ici davantage associée à ses reliefs montagneux qu’à ses ressources, pourrait devenir un pôle stratégique dans l’approvisionnement mondial en cuivre, un matériau désormais critique pour la transition énergétique mondiale.

Avec cette avancée, l’Argentine pourrait rivaliser avec le Chili et le Pérou, leaders historiques de l’extraction dans la cordillère des Andes.

Une coopération internationale structurée

Le projet Vicuña, fruit d’un partenariat entre BHP et Lundin Mining, mise sur une exploitation technologiquement avancée et respectueuse de l’environnement. Les représentants du projet insistent sur la nécessité de dialogues ouverts avec les populations locales pour garantir la légitimité sociale et écologique de l’exploitation.

Les entreprises engagées évoquent la mise en place de protocoles stricts de traitement des eaux, de gestion des déchets miniers, ainsi qu’une surveillance en temps réel des activités extractives.

Le cuivre, au cœur de cette découverte, est essentiel à la fabrication de batteries, de véhicules électriques, de panneaux solaires et d’équipements électroniques. La demande mondiale pour ce métal ne cesse de croître.

L’or et l’argent, quant à eux, conservent leur statut de valeurs refuges, mais sont aussi des composants essentiels dans l’industrie médicale, les semi-conducteurs et la joaillerie. Cette triple composante confère à la mine de San Juan une valeur stratégique rare.

Selon nos experts : Cette découverte relance la course aux réserves stratégiques. Et si l’or redevenait la valeur-pivot du système monétaire mondial ?

Des tensions écologiques sous surveillance

Les organisations environnementales surveillent de près ce projet. La proximité de la frontière chilienne et la fragilité des écosystèmes andins exigent une gestion rigoureuse des impacts. Les entreprises sont appelées à respecter les lois argentines sur la consultation des communautés autochtones et à préserver les terres ancestrales.

Si certaines communautés espèrent des retombées positives en matière d’investissement public, d’autres s’interrogent sur la consommation d’eau, la stabilité des sols, ou la transformation des économies locales centrées sur l’agriculture ou le tourisme.

Une nouvelle ambition géopolitique régionale

Cette avancée pourrait provoquer un rééquilibrage stratégique en Amérique du Sud. L’Argentine dispose désormais d’un levier pour renforcer ses relations commerciales et attirer des investissements étrangers, en particulier dans les technologies d’extraction et de transport.

Les infrastructures devront suivre : routes, voies ferrées, ports et douanes nécessitent une modernisation rapide pour fluidifier l’acheminement des minerais, tout en améliorant la sécurité des travailleurs et la mobilité des habitants.

Un potentiel éducatif et entrepreneurial local

Au-delà de l’activité minière, la dynamique enclenchée suscite l’intérêt des jeunes pour les métiers de la géologie, de l’ingénierie, de la logistique ou de la finance extractive. Les universités locales pourraient adapter leurs programmes pour répondre à cette nouvelle demande.

Des TPE et PME locales entrevoient également des débouchés dans les secteurs de l’hôtellerie, du transport, de la maintenance industrielle ou de la vente de matériel.

Les perspectives sont immenses, mais les acteurs du projet se veulent lucides : éviter un cycle classique de boom and bust reste un défi. Les experts appellent à des plans de développement responsables, capables de transformer les ressources naturelles en progrès partagé, plutôt qu’en rentes concentrées.

L’Argentine dispose là d’un levier économique rare, susceptible d’alléger son endettement extérieur et d’améliorer ses finances publiques si la gestion est rigoureuse et transparente.