Le BRICS pousse l’Inde à régler ses achats de pétrole russe en yuan chinois

En bref

• La Russie réclame des paiements en yuan chinois pour ses livraisons de pétrole à l’Inde.
• L’Inde aurait déjà réglé trois cargaisons en yuan, selon Reuters.
• Cette stratégie vise à affaiblir le dollar américain dans les échanges énergétiques.
• Le gouvernement Modi freine ce mouvement pour défendre la roupie et préserver son autonomie stratégique.
• Le clivage monétaire au sein du BRICS met en lumière les tensions géopolitiques et les ambitions divergentes des membres.

Une exigence russe qui bouscule l’équilibre monétaire du BRICS

Les discussions monétaires au sein du BRICS prennent un tournant stratégique. Moscou exige désormais que ses livraisons de pétrole à destination de l’Inde soient réglées en yuan chinois, écartant ainsi le dollar américain du circuit. Cette requête, relayée par Reuters, émane directement de sociétés de raffinage russes et intervient dans un contexte de rapprochement économique croissant entre Pékin et Moscou.

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La Chine, premier importateur mondial de pétrole russe, aurait déjà convaincu le Kremlin de renforcer les paiements en monnaie locale. Le soutien de Pékin dans ce bras de fer monétaire illustre une volonté claire : affirmer le yuan comme monnaie de référence dans les échanges énergétiques stratégiques.

Des paiements en yuan déjà effectués par l’Inde ?

Officiellement, les autorités indiennes n’ont pas réagi à cette exigence russe. Mais selon deux sources citées par Reuters, trois cargaisons de pétrole russe auraient d’ores et déjà été réglées en yuan chinois. Une information qui n’a pas encore été confirmée par les raffineurs concernés.

Par le passé, l’Inde avait déjà eu recours à une rotation de monnaies pour ses paiements énergétiques : yuan, rouble, roupie et dirham des Émirats. Toutefois, après le soutien affiché de la Chine au Pakistan lors des tensions au Cachemire, New Delhi avait brusquement stoppé les paiements en yuan.

Un retour à la dédollarisation malgré les tensions sino-indiennes

L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a provoqué une vague de sanctions économiques, notamment de la part des États-Unis. C’est dans ce contexte que l’Inde, membre du BRICS, a intensifié ses achats de pétrole russe à prix réduit, cherchant des alternatives au dollar pour contourner les sanctions. Résultat : plus de 7 milliards de dollars économisés en frais de change grâce à l’usage du yuan dans ces transactions.

Mais la situation reste instable. Le gouvernement indien affiche toujours sa préférence pour le dollar dans les échanges internationaux. La pression russe, encouragée par Pékin, pourrait contraindre l’Inde à revoir sa position, sans pour autant compromettre ses intérêts géopolitiques dans la région.

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Le dilemme indien face à la domination du yuan

Si New Delhi accepte pleinement les règlements en yuan, cela renforcerait l’influence monétaire de la Chine, et affaiblirait mécaniquement la roupie. Une perspective que l’administration Modi cherche à éviter. À ce jour, aucune ligne officielle ne confirme une reprise des paiements en yuan chinois, et les signaux envoyés par les diplomates indiens laissent penser à une résistance stratégique face à cette évolution.

Cette fracture monétaire illustre les limites internes du BRICS, où les intérêts économiques convergents se heurtent aux rivalités géopolitiques latentes. Le sort du yuan comme devise dominante dans les échanges pétroliers asiatiques dépendra donc autant de la fermeté indienne que de l’intensité des pressions russes et chinoises.