Marché : Pourquoi Donald Trump est soupçonné de manipulation de marché après son revirement sur les droits de douane

Un message ambigu au timing troublant

À quelques minutes de l’ouverture de Wall Street mercredi 9 avril, Donald Trump a publié un message sur son propre réseau Social Truth : "C'est le moment idéal pour ACHETER! DJT". Trois lettres, DJT, qui font à la fois écho à ses initiales et au ticker boursier de son entreprise cotée, Trump Media & Technology Group.

Ce même jour, il a annoncé une réduction surprise des droits de douane réciproques, à l’exception de ceux visant la Chine. Une décision inattendue qui a immédiatement déclenché une flambée spectaculaire des indices américains : le Dow Jones a bondi de 7,9 %, le S&P 500 a grimpé de 9,5 %, et le Nasdaq Composite s’est envolé de 12,16 %. Le groupe Trump Media, quant à lui, a gagné 21,7 %, suivant de près des mastodontes comme Tesla (+22 %) ou Nvidia (+18 %).

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Ces mouvements d’ampleur ont soulevé une question explosive : Trump savait-il à l’avance qu’il allait relâcher la pression commerciale, et a-t-il profité de cette information pour influencer les marchés ?

Les soupçons de délit d’initié secouent Washington

Plusieurs élus démocrates s’élèvent face à ce qu’ils considèrent comme une potentielle manipulation de marché. Mike Levin, représentant de Californie, s’est interrogé publiquement sur X : "En quoi cela ne constitue-t-il pas une manipulation du marché ?".

Le sénateur Chris Murphy est allé plus loin, s’interrogeant sur l’identité des proches de Trump qui auraient pu tirer avantage de cette annonce anticipée. La question de savoir si des investisseurs liés au cercle privé de Mar-A-Lago avaient connaissance de cette mesure flotte désormais comme une menace politique et juridique.

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Alexandria Ocasio-Cortez a appelé de son côté tous les membres du Congrès à divulguer leurs transactions boursières effectuées dans les 48 heures précédant les annonces. "Nous sommes sur le point d’apprendre certaines choses", a-t-elle averti, suggérant que cette affaire pourrait secouer bien plus que la présidence seule.

La SEC sous pression, Trump sur la défensive

Alors que les projecteurs se tournent vers la Securities and Exchange Commission (SEC), l’organe de régulation boursière est resté muet. L’infraction potentielle, si elle est avérée, pourrait exposer l’ancien président à 20 ans d’emprisonnement et 5 millions de dollars d’amende, comme le prévoit le droit américain en matière de délit d’initié.

Kathleen Clark, professeure de droit et spécialiste de l’éthique gouvernementale, considère les publications de Trump comme une incitation à ouvrir une enquête : "Il envoie le signal qu’il peut influencer le marché en toute impunité", a-t-elle confié à l’Associated Press.

Thierry Breton, ancien commissaire européen, a rappelé sur BFMTV-RMC qu’une telle annonce aurait dû être faite après la clôture des marchés. "Pourquoi ne pas avoir attendu trois heures de plus ?", s’est-il interrogé, ajoutant que si une enquête est lancée, Trump pourrait toujours se défendre en disant qu’il avait communiqué l’information à tous en même temps.

Le choc provoqué par cette succession de messages a non seulement agité Wall Street mais relancé un débat brûlant aux États-Unis : les responsables politiques doivent-ils pouvoir intervenir aussi directement sur les marchés financiers ? Une question qui, au vu des réactions, pourrait bien redéfinir certaines règles du jeu à Washington… et à Wall Street.